Trilogie déjà repérée au Japon, arrivée 6e place du classement “Kono manga ga sugoi” 2022, recommandée par le jury du 25e Japan Media Arts Festival, le manga Blank Space arrive en France aux éditions Casterman.
L’histoire met en scène deux lycéennes que tout semble opposer. L’une est brillante et discrète. L’autre est exubérante et étourdie.
Après une journée épouvantable et un cœur brisé, Shôko Komae est contrainte de rentrer sous la pluie. Déjà trempée par l’averse, elle tombe soudain nez à nez avec Sui Katagiri, abritée par un parapluie… Invisible. Après la surprise, elle apprend que la jeune fille peut matérialiser ce qui lui passe par la tête mais ses créations restent imperceptibles pour autrui.
L’une voit sa différence comme une malédiction. L’autre estime qu’il s’agit d’un véritable don.
Dans ce premier tome, Kon Kumakura développe les prémices d’une amitié sincère avec deux personnages qu’elle prend le temps d’approfondir. On s’attache, on s’interroge, on s’inquiète aussi. Alors que l’introduction laissait présager une série plutôt légère, la tournure des évènements indiquent le contraire. Rapidement, on comprend que tout n’est pas rose pour Sui. Lorsqu’un élément déclencheur l’incite à donner vie à des objets de plus en plus dangereux, on se demande si Shôko parviendra à l’empêcher de commettre le pire.
A travers une fable saupoudrée de fantastique, mettant en avant le pouvoir extraordinaire et illimité de l’imagination, la mangaka aborde également en trame de fond le harcèlement scolaire et le mal-être adolescent. Avec une belle mise en scène et un rythme faussement lent qui permet de poser les bases du récit, elle laisse la magie opérer.
Son coup de crayon se marie à merveille avec le ton choisi. Vide et plein, noir et blanc. Il semble paradoxal et va à l’essentiel, tout en fourmillant de détails. Ainsi, il permet d’apprécier les nombreux indices, les références aux écrivains japonais inscrites ça et là, mais aussi le vide laissé par les objets.
Et, sans que l’on s’en rende compte, la dernière page est passée. Blank Space est certes un seinen atypique, mais doté d’une richesse étonnante qui captive jusqu’au bout.
Du côté de l’édition, Casterman nous offrent un premier tome qui ressemble beaucoup à la version japonaise, tandis que le logo titre, très sobre, s’accorde parfaitement avec le thème. A l’intérieur on découvre un papier sans transparence, suffisamment épais et souple, pour permettre une lecture agréable malgré la présence d’aplats noirs.
Remerciements à Casterman pour l’envoi du manga.