Chronique : Blue Lock

6 juillet 2022
Le scénario : Le dessin : Les personnages : L'édition :

Alors que Japan Expo approche et que Blue Lock y est mis à l’honneur avec une animation sur le stand Pika et une avant-première de son anime, découvrez notre avis sur le début de la série.


Prenant à contre-pied les principes du manga sportif exaltant l’esprit d’équipe et le respect de l’autre, Blue Lock impose une battle royale footballistique où l’individualité et l’ego sont au cœur de l’équation.

Ici le ballon devient une arme avec laquelle il sera nécessaire de mettre à terre ses adversaires pour espérer devenir le prochain butteur de l’équipe japonaise. Coups bas, manipulations, trahisons, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins car si la défaite n’entraine pas la mort physique, contexte oblige, elle cause tout de même l’annihilation de tout espoir d’une carrière sportive. Alors que les rêves de gloire menacent de se briser, les joueurs oublient vite les beaux discours de l’amitié pour se recentrer sur la victoire d’un seul.

Les pages introductives nous entrainent directement sur le terrain et sonnent comme un avertissement. Alors que Yoichi Isagi pourrait être un buteur de talent sa propension à privilégier le collectif entraine la défaite de son équipe.

Se jetant rapidement au cœur de la mêlée, l’histoire nous maintient en haleine. Elle marie à merveille les valeurs collectives, si chères au shōnen sportif, à d’autres, plus égoïstes, prônées par cette compétition à risque. Pour l’organisateur du tournoi, il est évident que ces dernières sont proches de la réalité du terrain. Alors que l’importance du collectif est profondément ancrée dans la culture japonaise, il justifie les piètres performances de l’équipe nationale par cette absence d’individualisme.

Contraints de faire front commun dans l’adversité, les “talentueux diamants bruts” doivent se positionner entre ces idéaux opposés tandis que leurs pulsions sont exacerbées. L’un d’entre eux aura t-il ce qu’il faut de rage de vaincre pour devenir le butteur dont le Japon a besoin ?

Le propos frappe fort et fédère tandis que Yusuke Nomura nous entraine un peu plus loin avec sa maitrise graphique. L’artiste nous avait habitué à un style jouant les trames et la noirceur dans Dolly Kill Kill. Ici, son trait créé un impact visuel dès les premières pages alors que l’action est vibrante, démesurée et magnifiée par un découpage incisif.

En terme de chara-design, le mangaka illustre des personnages qui, bien que particulièrement nombreux et habillés à l’identique, sont facilement identifiables grâce à une flopée de spécificités. Comme bien souvent dans ce registre, tous à l’exception du héros, présentent un tempérament fort et extrême.

Graphiquement et scénaristiquement, le parti-pris est donc là et le poussif est parfaitement conscient. Ce cocktail explosif donne naissance à une série nerveuse et jubilatoire qui promet une belle originalité et un renouveau dans le manga sportif. Si Blue Lock pourra ainsi convenir à un large public, a condition tout de même d’adhérer à sa formule et son ambiance.

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