Le Mystère des Pingouins, premier long métrage du studio Colorido, est l’adaptation d’un roman signé Tomihiko Morimi. L’histoire, initialement destinée à un lectorat composé de jeunes adultes, est ici remaniée pour toucher, en format animé, le plus grand nombre.
Fidèle à la bande annonce, l’histoire commence avec l’apparition inopinée de pingouins dans un tranquille quartier résidentiel. En s’appuyant sur cet évènement étrange, le film prend son envol. Il suit les aventures d’Aoyama, un enfant passionné de sciences et pressé de devenir adulte, qui fera d’ailleurs un adorable modèle pour le jeune public.
Entre tranche de vie enfantine à l’environnement familier (la ville, la classe, la maison familiale), récit d’investigation aux notions scientifiques et poésie surréaliste, Le mystère des pingouins mélange les genres pour donner naissance à un récit fantaisiste tout en douceur.
Mais rapidement, on se rend compte que le film ne concerne pas réellement les pingouins, qui auraient pu être remplacés par n’importe quelle créature exotique. Cette histoire, qui mêle la science à l’irrationnel, l’amour à la raison, demande surtout à son public de réfléchir à sa propre conception du monde.
Elle s’attache aussi à un sujet peu courant, à savoir l’attirance d’un garçon pour une femme adulte et la relation affective qui les lie par-delà la différence d’âge. Loin d’être indécent, le scénario aborde l’idée avec malice et délicatesse.
Toute la part fantastique du film pourrait alors être expliquée par cet amour hors-norme. Pingouins, monstres et sphère ne sont peut-être que les ressorts sublimés d’une puberté en éveil, un cheminement possible vers une sensualité encore inaccessible.
Tout comme il ne peut finalement expliquer son attirance pour son amie, Aoyama ne sera pas en mesure de comprendre l’origine de ces énigmes.
Finalement, qui est-« elle » ? Cette femme, son premier amour, dont le nom sera tu jusqu’au bout ?
L’oscillation entre logique scientifique et étrangeté, souligné par une référence directe à Alice au pays des merveilles, laisse ainsi le spectateur libre de sa propre interprétation. Mais, ces réponses à demi-mots, voir l’absence d’explications pour certains aspects font cependant partie du charme du film.
Alors que l’histoire nous entraine et nous questionne, la beauté de l’animation et de la musique finissent de nous convaincre. Techniquement parlant, le film est un très beau mélange de 2D et 3D. Le chara-design, très soigné, et les arrière-plans, particulièrement travaillés, participent pleinement à la création de l’atmosphère enchanteresse. Le spectateur ne pourra qu’apprécier la minutie du détail et prendre plaisir à suivre les déambulations des héros dans cette petite bourgade où les objets du quotidien sont tendrement embellis.
Travail subtil et cohérent, doté d’une histoire envoutante, Le mystère des pingouins est une immersion est pleinement réussie. Malgré la jeunesse de l’équipe d’animation à ses rennes, ce drôle de film constitue une très agréable surprise.