Polaris Will Never Be Gone, est un manga imaginé par Eke Shimamizu, qui nous raconte l’histoire de Mizu’umi. Cette lycéenne, en apparence ordinaire, est animée une passion dévorante pour Sora, une idole qui a illuminé son existence. Brutalement décédée, la chanteuse a laissé une marque indélébile sur la jeune fille qui constate avec effroi qu’elle est la seule à ne pas tourner la page.
Les stars admirées un jour sont remplacées le lendemain.
Pleine d’amertume et refusant d’accepter la situation, Mizu’umi décide de transgresser la morale et l’éthique afin de prouver la suprématie de celle qu’elle considère comme sa déesse…
Dès son tome introductif la série aborde de nombreuses thématiques fortes comme la mort, le deuil mais aussi l’oubli, de manière percutante. Elle illustre à merveille la détresse qui peut frapper ceux qui doivent survivre après la perte d’un être cher. Elle tourmente aussi son lectorat, alors que la pitié et la morale entrent en conflit, l’hésitation est totale. D’un côté, on peut compatir pour cette adolescente qui a perdu son unique lumière, de l’autre on ne peut que désapprouver son attitude.
Pourtant, c’est au moment même où elle met ce plan à exécution qu’elle s’attire d’autant plus notre compassion. Sa tragique abnégation, peut être effroyable, interroge. Est-ce un refus de faire son deuil ? Un moyen de ne pas perdre pied ?… Ou bien une stratégie mûrement réfléchie ?
Souhaitant des réponses à ses questions, le lecteur plonge alors dans une excellente tranche de vie qui aborde autant de sujets sociaux difficiles que de traumatismes personnels. Polaris Will Never Be Gone semble se concentrer sur l’univers des idoles et ce qu’elles peuvent représenter pour leurs fans. Mais Mizu’umi est-elle simplement une fan obsessionnelle ? Quelques indices glisser dans le dessin laissent penser le contraire.
Quand elle rencontre Kôriyama, le binôme principal se dessine et se révèle peut-être antipathique mais paradoxalement touchant. Elle, est déconnectée de la réalité. Lui, porte constamment un masque et refoule ses véritables émotions. Ensemble, ils sont complémentaires. Tandis qu’elle lui permet de s’exprimer réellement, il lui offre la possibilité de mener à bien son projet.
En un tome, Eke Shimamizu nous offre ainsi une lecture empreinte de fragilité, d’incertitude et retranscrit toute la complexité de l’être humain. Le tout est porté par un dessin qui se concentre principalement sur les émotions et le mal-être de deux lycéens. On pourrait éventuellement reprocher le manque de détails dans les décors, mais cette absence permet de se concentrer davantage sur la psychologie des personnages.
En ce qui concerne l’édition, Chattochatto, à son échelle de petit éditeur indépendant, propose un très beau manga. La jaquette reste très proche de l’originale japonaise et attire immédiatement le regard. La traduction d’Angélique Mariet, claire et naturelle, est vraiment agréable.
En conclusion, le premier tome de Polaris Will Never Be Gone captive et pose de nombreuses questions. Avec son dessin soigné et son ambivalence, cette série terminée en 3 volumes devrait ainsi convenir aux amateurs de séries d’Idoles, en particulier ceux qui veulent se détacher du côté lumineux de la scène.