Quand la Nuit tombe est le dernier manga de Rie Aruga publié par les éditions Akata. Après le sublime Perfect World, la mangaka revient avec un one-shot percutant et s’attaque à un sujet tout aussi important : le viol. Mais plutôt que d’aborder ce thème du point de vue de la victime, l’artiste a choisi de donner la parole à ceux à qui on ne pense pas forcément. Ceux qui ne sont pas responsables mais qui souffrent également.
Nous découvrons alors l’histoire de deux adolescents qui auraient pu devenir bien plus qu’amis jusqu’à ce que leur quotidien vole en éclats. Comment envisager l’avenir sereinement quand vous êtes la fille d’un violeur et que sa victime est la mère de celui que vous aimez ? …
Amour, amertume, regrets, espoirs… trop souvent avortés, autant de sentiments qui rendent l’œuvre poignante. La gorge serrée, nous tournons les pages qui avancent inexorablement vers un dénouement qui ne sera pas nécessairement tendre.
On compatit pour Tokiwa, mais peut-être encore plus pour Ao qui doit vivre avec le poids de l’acte sordide commis par son père. Elle n’est pas responsable mais s’excuse constamment. Entre passé et présent, le récit nous montre notamment la vie difficile que cette jeune fille, pourtant prometteuse, a dû affronter. Remettant en question, dénonçant l’injustice, les conséquences des actions des adultes sur leurs enfants… Il interroge sur le poids du regard des autres.
Le seul reproche que l’on pourrait faire au scénario serait éventuellement la représentation trop simpliste et idéalisée du parcours judiciaire qui suit le crime. Aucune violence institutionnelle, aucun procès sordide, tandis que la condamnation du violeur se pose comme une évidence. Mais en un seul tome, il est impossible d’aborder tous les aspects d’un sujet aussi complexe que celui-ci.
Malgré tout, Rie Aruga nous propose une fois de plus un titre bouleversant et engagé, porté par un dessin toujours aussi sublime. Il faut noter aussi que Quand la nuit tombe marque sa première collaboration avec un magazine seinen, puisqu’il a été publié dans les pages du Morning au Japon. Nous espérons donc que son message pourra toucher un large public, y compris les hommes.