D’abord connue via son anime en France, Scum’s Wish arrive enfin dans nos librairies, quelques années après la fin de sa publication japonaise, grâce Noeve Grafx qui nous permet ainsi de découvrir une œuvre complexe et belle, à sa manière.
A sa manière… Car dès les premières pages, le lecteur peut constater que Scum’s wish, désir d’ordure, porte bien son nom. Loin d’être bienveillant et pur, l’amour se présente ici sous une forme dérangeante bien qu’étrangement touchante. Alors que Mugi et Hanabi forment un couple en apparence parfait, ils ont en commun leur amour impossible. S’utilisant mutuellement pour combler le vide et éprouver quelque chose de plus concret qu’un simple fantasme, les adolescents débutent une romance douce-amère sonnant douloureusement juste.
Rapidement, le lecteur est confronté à des émotions inavouables et profondément humaines : l’amour à sens unique, le manque, le rejet mais aussi le désir. Sans édulcorer les défauts de ses personnages et exposant en plein jour une réalité cruelle où amour, mensonge, colère et sexualité se mêlent, la mangaka nous entraine dans une histoire pleine de promesses.
Grâce à leur authenticité Mugi et Hanabi deviennent rapidement attachants dans leur imperfection. Et tandis que la lecture invite à la compassion, elle distille ça et là les éléments qui lui permettront de développer progressivement son récit. Au fil des pages se dessinent également le contour de ceux qui viendront compléter le casting et qui éveillent déjà notre intérêt.
Alors que les sentiments des uns et des autres menacent de se confronter, Scum’s Wish peut donc paraitre difficile à aborder. Pourtant la qualité de ce premier tome est certaine. Le trait de Mengo Yokoyari, qui signera par la suite Oshi no Ko, est déjà superbe. Ici, la mangaka se concentre surtout sur les expressions de ses différents personnages tandis qu’elle apporte un soin tout particulier aux scènes plus intimes qui s’enveloppent d’une langueur exquise. Comme un fruit défendu, ces dernières changent aussi l’ambiance du manga. Alors que les planches sont majoritairement blanches et lumineuses, l’érotisme obscurcit les pages qui deviennent alors noires et s’accordent aux pensées contradictoires.
Loin d’une romance classique et platonique, ce premier tome de Scum’s Wish offre à son lecteur une relation si incertaine qu’elle en devient captivante. N’étant ni un shojo, ni un josei, le titre pourra convenir aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Ceux qui auront vu l’anime pourront replonger avec plaisir, parfois avec une pointe de dégout, dans cette histoire riche où les divers sentiments sont crument exposés.
Enfin, comment ne pas parler de l’édition proposée ? Les premières pages en couleurs, une jaquette miroitante qui attire le regard, Noeve Grafx a fait, encore une fois, un magnifique travail.