La Pop Asia Matsuri organisée par l’éditeur français Kana, s’est tenue le 18 et 19 décembre 2021 et pour l’occasion la mangaka Io Sakisaka a accordé une interview pour parler de Blue Spring Ride.
Comment êtes-vous devenue mangaka ?
Parmi les métiers que l’on peut faire chez soi, le métier qui m’intéressait le plus était celui de mangaka. Je voulais à tout prix exercer un métier qui permettait d’éviter les trains bondés.
C’est l’adolescence et ses sentiments exacerbés qui vous inspirent le plus ?
Ce qui me plait beaucoup, c’est l’amplitude des émotions ressenties à l’adolescence. Le fait d’être pathétiquement submergé par ses émotions me semble attendrissant et le processus pour apprendre petit à petit à gérer ces mêmes émotions me plait. Je pense que cette période me fascine car c’est un âge où le changement apparait de façon évidente. Mais si un jour finalement, l’envie me prenait de dessiner un manga pour adultes, j’aimerais relever le challenge.
Pourquoi le réalisme de vos mangas est important ?
Le manga est de la fiction par essence mais sur cette base, je fais attention au réalisme de mes représentations pour inciter le lecteur à se sentir concerné et susciter leur empathie. Mais trop de réalisme risque de diminuer le plaisir de lire, j’essaie donc de dessiner en cherchant le bon équilibre. L’idéal est que le lecteur soit immergé dans l’histoire sans s’en apercevoir.
En quoi est-ce important de montrer différentes formes d’amour ?
En particulier dans le genre shōjo que je dessine, je pense qu’il y a un vide dans le sentiment amoureux représenté, mais en même temps je suis consciente que c’est ce qui est demandé. Seulement, personnellement j’ai peur que ça donne une forme de lavage de cerveau, du coup j’aimerai représenter tous les types d’émotions qui existent dans la réalité.
Que ce soit l’amour dévoué ou l’inconsistance. Si c’est une émotion ressentie par le personnage, je veux pouvoir la dessiner de façon franche.
Pourquoi le sujet d’être « soi-même » vous tient autant à cœur ?
Je ne dessine pas en intégrant consciemment un message aussi fort, mais c’est vrai que j’ai envie de faire savoir qu’il n’y a pas qu’une seule bonne réponse. Par contre, je ne pense pas qu’il « faut être tel » que l’on est car il n’y a plus de liberté quand on dit qu’il « faut ». Dans votre question, vous demandez si ce thème à de l’importance pour moi, mais je pense que ce n’est pas tout à fait un thème.
Je me suis aperçue en répondant à cette question que c’est plus un trait de ma personnalité.
Que ressentez-vous en voyant des adaptations de vos œuvres ?
C’était vraiment une sensation étrange que de voir des choses que j’ai dessiné prendre forme en relief, être colorisées et entendre leurs voix. Bien entendu, cela m’a fait très plaisir.
Pour l’adaptation live, j’ai pu jeter un œil sur les scénarios et demander à ce que l’on ajoute certaines choses ou que l’on retire d’autres qui n’étaient pas nécessaires de garder.
Pour le film d’animation, en plus de cela, j’ai pu consulter tous les dessins préparatoires. Cela a été une expérience enrichissante car j’ai pu me rendre compte à quel point c’est un travail de titan, voyant la quantité de documents que l’on me soumettait.
Je suis reconnaissante que pour chacune de ces adaptations, l’œuvre d’origine ait été traitée avec soin.
Comment trouvez-vous vos jeux de mots ?
Je me demande bien moi-même comment ils me viennent à l’esprit. Je crois que la réponse la plus juste est que cela me vient sans que je n’y pense. C’est aussi difficile que de décrire comment un éclat d’inspiration survient.
Comment concevez-vous une histoire ?
En mettant ensemble des brides d’éclats d’inspiration. Quand cela commence à devenir fluide, comme un film dans ma tête, je les couche sur papier. Ensuite, je vérifie que cela tient la route en tant qu’histoire.
Quel genre aimeriez-vous traiter dans le futur ?
Je suis un tout petit peu intéressée par les histoires de réincarnation.
L’interview d’Io Sakisaka fut réalisée par la Pop Asia Matsuri et les éditions Kana, la retranscription ci-dessus fut rédigée par Kapp’Anime.
D’autres interviews en lien avec la Pop Asia Matsuri sont disponibles : Bonne nuit Punpun | La voie du Tablier | Ragna Crimson | Otaku Otaku